jeudi 18 juillet 2013

Capturer un Astéroïde : la NASA Voit Trop Grand ?

La NASA a élaboré un plan pour aller capturer un petit astéroïde et le rapprocher de la Lune pour l’étudier de près. C’est un des éléments de l’Asteroid Initiative que Barack Obama a annoncé en avril dernier pour mettre au budget 2014.

Et du challenge, il y en a. Pas tant dans la technologie permettant de faire cette récupération, mais surtout pour trouver le bon caillou… En fait, il n’y a qu’une poignée d’astéroïdes qui pourraient s’avérer adéquats. Le groupe de travail qui s’est réuni le 9 juillet dernier à l’académie des sciences américaine à Washington s’est conclu dans un scepticisme assez marqué. Les planétologues spécialistes des astéroïdes ont exprimé leurs doutes aux responsables de la NASA.

Vued'artiste d'un système de capture d'astéroïde (NASA)
Si le projet trouve un financement, alors la NASA va devoir faire de gros efforts pour enrichir les bases de données sur les astéroïdes de petites dimensions. En effet, même si le contenu de la mission reste assez flou, on sait quel genre d’astéroïde serait utile : un objet suffisamment solide, de l’ordre de 10 m de diamètre, et possédant une trajectoire idoine pour être capturé par un vaisseau lancé en 2017.
Parmi les plus de 10000 astéroïdes proches de la Terre, seulement 370 seraient suffisamment petits pour être capturés. Mais parmi ces 370 actuellement connus, seulement 14 ont une orbite adéquate… Et parmi ces 14, uniquement 4 ont déjà été étudiés plus ou moins en détails pour que l’on en connaisse quelques propriétés sur leur texture ou leur vitesse de rotation. C’est dire le manque de candidats sérieux pour le moment.

Il est par exemple requis que l’astéroïde sélectionné n’ait pas une vitesse de rotation supérieure à 2 tours/minutes pour ne pas endommager le système de capture.
L’idéal pour la NASA serait de trouver environ 15 nouveaux astéroïdes de 10 m à proximité dont la moitié avec une bonne orbite, et cela dans les 4 prochaines années ! Le gros problème, c’est que les équipements actuels dédiés à la recherche d’astéroïdes sont optimisés pour trouver des objets de plus de 150 m.
Les observatoires dédiés vont donc devoir s’améliorer grandement, ce qui est d’ores et déjà prévu pour certains d’entre eux comme le Catalina Sky Survey, qui a découvert la plupart des petits astéroïdes proches, et qui va voir s’ajouter deux nouvelles caméras en 2014, doublant ainsi son champ de vue et donc ses chances de trouver de petits cailloux errants…

Le télescope du Catalina Sky Survey (University of Arizona)
La NASA prévoit aussi de remettre en fonction un satellite plongé en sommeil depuis 2011, le Wide Field Survey Explorer, ainsi que mettre à contribution les télescopes PanSTARRS-2 et ATLAS situés à Hawaï. La multiplication de différents télescope s’avère cruciale dans ce type de traque car, une fois découvert, un petit astéroïde peut devenir très vite invisible et on a alors besoin de télescopes infra-rouge ou radio pour évaluer sa forme et sa composition.

Un astéroïde de 10 mètres de diamètre pèse environ 400 tonnes, la masse de la station spatiale internationale. Les ingénieurs américains du Johnson Space Center de Houston travaillent déjà au design de l’engin qui permettrait de capturer ce caillou. L’idée est relativement simple : il s’agit d’envoyer une sonde à proximité immédiate de l’astéroïde puis de déployer une sorte de grand sac pour ensuite le tirer lentement pour le rapprocher de la Lune en environ 4 ans.
Des astronautes pourraient alors dès 2021 se rendre au niveau du caillou capturé et en prendre quantité d’échantillons. Le coût estimé de l’opération se situe entre 1 et 3 milliards de dollars (disons au minimum 3 milliards, donc), mais officiellement, les officiels américains le répètent : il ne s’agit pas de faire de la science. A la limite, les échantillons qui seront prélevés n’auront que peu d’intérêt. Il s’agit avant tout pour les américains de se confronter à des challenges spatiaux pour s’entrainer dans des conditions difficiles avant de pouvoir aller plus loin vers Mars à l’horizon 2030 notamment.

A l’heure actuelle, nous ne savons pas si le l’asteroid initative va être financé.  Ce que l’on sait en revanche, c’est que les pontes de la NASA aiment proposer des programmes et réfléchir ensuite sur leur faisabilité. Une sorte de marche en avant forcée qui peut produire des effets bénéfiques, ou pas.

Source :
Asteroid plan looks rocky
Alexandra Witze
Nature 499, 261–262(18 July 2013)

1 commentaire :

Guillmot a dit…

Billet très intéressant, merci ! Je plussoie votre analyse de la logique "d'effet d'annonce" de la NASA.