dimanche 26 février 2012

Jupiter, Lune, Vénus

Un trio éclatant au dessus de Pertuis : Jupiter, Lune et Vénus, autant de lumière du soleil reflétée à différentes distances de nous, les trois astres les plus brillants du ciel d'hiver...


Canon EOS 1000 D 20 mm, F/5.8, 30 s



Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad

vendredi 24 février 2012

Les Premiers Résultats de Planck (2/2) : Effet Sunyaev–Zeldovich et Amas Lointains

Mais Planck ne permet pas seulement d'étudier de près les nuages de poussière. Il se trouve que lorsque la lumière traverse du gaz chaud cette fois-ci, les photons peuvent être diffusés par les électrons du gaz, produisant un signal décelable : les grandes longueurs d'ondes sont shiftées vers des longueurs d'ondes plus courtes. Cet effet physique s'appelle l'effet Sunyaev–Zeldovich, du nom des deux physiciens Russes qui l'ont découvert.
Carte des amas de galaxies par l'effet S-Z.
Ainsi, lorsqu'on regarde le fond diffus cosmologique, ce dernier est affecté par la présence de gaz chaud via l'effet Sunyaev–Zeldovich et il va apparaître dans la cartographie à grande longueur d'onde comme des trous là où se trouvent les nuages de gaz chaud. Inversement, en produisant la cartographie pour les longueurs d'onde plus courtes, il apparaît au même endroit un pic de lumière.

Avec la spécificité multibandes de Planck, cet effet Sunyaev–Zeldovich peut être observé avec précision. Les sources les mieux à même de produire cet effet sont les amas de galaxies les plus massifs, qui contiennent d'énormes quantités de nuages de gaz les plus chauds que l'on connaisse.
Les équipes de Planck ont trouvé environ 200 amas candidats avec cette technique, dont une bonne vingtaine était auparavant inconnue.
La plupart de ces candidats ont par la suite été confirmés comme étant de véritables amas de galaxies.
Ces mesures permettent ainsi de mieux comprendre comment se forment les amas de galaxies, en connaissant mieux la distribution de température et la densité du gaz.
Ces nouveaux résultats indiquent également qu'il est possible de trouver des amas de galaxies grâce à l'effet Sunyaev–Zeldovich même pour des cartographies observant le ciel entier, contrairement à ce qui se faisait classiquement (par exemple avec l'Atacama Telescope) où seule une petite zone du ciel était scrutée.
La technique exploitant l'effet Sunyaev–Zeldovich permet d'observer des amas situés à des distances bien plus éloignées que ce qu'il est possible d'atteindre avec d'autres méthodes, notamment les émissions en rayons X. On peut d'ores et déjà imaginer pouvoir observer comment ont grossi les plus grandes structures aux époques les plus anciennes. Le but étant de mesurer les différentes composantes de l'Univers à cette époque, jusqu'aux fluctuations de densité initiales qui en grossissant sont potentiellement devenues des amas de galaxies.
Les premiers résultats de Planck démontrent qu'il fonctionne à merveille et fournit les premiers éléments de son très gros potentiel.
Le meilleur reste cependant à venir, puisque Planck est principalement destiné à cartographier le fond diffus cosmologique à 2.7 K (en intensité et polarisation) avec une précision encore jamais atteinte.
Ces mesures doivent fournir une fenêtre sur le très jeune Univers et donner des indications sur l’origine des premières graines ayant produit les grandes structures. 
Ces premiers résultats en infra-rouge montrent brillamment que la technique de la séparation des composantes est très efficace et permettra d'obtenir un signal très propre sur le fond cosmologique.

Les premiers résultats sur le fond cosmologique micro-onde sont attendus avec impatience pour début 2013.


Source :
Nature Vol 482, 475–477 (23 February 2012)

Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad

Les Premiers Résultats de Planck (1/2) : Des Galaxies Poussiéreuses

Les astrophysiciens savent depuis assez longtemps que les étoiles naissent au sein d'environnements pleins de nuages de poussières, Les jeunes étoiles y sont difficilement accessible, voire pas du tout, aux télescopes optiques.
C'est ainsi qu'ils utilisent des longueurs d'ondes différentes pour les étudier, depuis les ondes radio jusqu'aux rayons X. Mais alors que c'est assez aisé concernant notre galaxie, ça devient plus difficile pour les galaxies lointaines, notamment les galaxies les plus lointaines, donc les plus jeunes. Pour ces galaxies, aucune longueur d'onde n'est vraiment utilisable, excepté une bande : l'infrarouge lointain aux frontières des micro-ondes.
Ces ondes électromagnétiques sont environ 1000 fois plus longues que celles de la lumière visible (domaine optique).
Les étoiles réchauffent les enveloppes de poussière qui les entourent jusqu'à environ 20 degrés Kelvin. Oh, ce n'est pas très chaud, on peut même dire que c'est très froid (-250°C)… mais suffisant pour émettre de la lumière micro-onde et infra rouge.
Cette signature de poussière chaude, qui est appelée le fond cosmologique infra rouge, vient d'être observée avec précision par une équipe d'astrophysiciens avec les données toutes fraîches de l'observatoire spatial Planck.
Ces données de Planck améliorent grandement de précédentes mesures du fond infra-rouge effectuées notamment par le satellite Herschel.
Le satellite Planck a été envoyé, en orbite autour de la Terre, mais à une position très particulière qu'on appelle le point de Lagrange L2, qui est un endroit situé sur l'axe Soleil-Terre où le satellite reste constamment à la même position vis-à-vis de la Terre et du Soleil, dans l'ombre que la Terre produit (il est donc derrière), de manière à minimiser l'impact thermique du rayonnement solaire sur ces instruments qui sont refroidis à très très basse température.

Cartographie par Planck de nuages moléculaires (CO) sur l'ensemble du ciel (ESA).
Planck peut détecter les micro-ondes et les infra-rouges dans plusieurs bandes de longueurs d'ondes différentes. Et comme l'expansion de l'Univers produit une extension de la longueur d'onde de la lumière, regarder dans différentes longueurs d'ondes signifie regarder à différentes époques de l'Univers (si la poussière détectée a la même température bien sûr).
Donc Planck permet d'observer les galaxies en train de former des étoiles (pleines de poussières) en fonction du temps cosmologique.
Les premières observations suggèrent ainsi la plupart des émissions dans les plus grandes longueurs d'onde proviennent de galaxies qui se sont formées à une époque où l'Univers avait moins de 2 milliards d'années.
Les images produites montrent des anisotropies à trois longueurs d'ondes différentes : 217 GHz, 353 GHz et 857 GHz) sur un champ de vue de 26°x26°, elles correspondent à des galaxies poussiéreuses entremêlées sur de grandes échelles.
Pour accomplir de telles mesures, les équipes de Planck ont crée un algorithme informatique sophistiqué appelé la séparation de composantes. C'était rendu nécessaire du fait de la présence de nombreuses sources parasites, qu'elles soient originaires de notre galaxie ou du fond diffus cosmologique à 2.7 K. Comme l'intensité de ces sources parasites varie différemment d'une bande spectrale à l'autre, en combinant les 9 canaux spectraux de Planck avec d'autres sources de données externe, il devient possible de séparer et ne garder que le signal infra-rouge intéressant.
Les émissions provenant de la voie lactée ne forment pas juste un signal parasite, elles peuvent également apporter quelques surprises fort intéressantes.
L'une d'elle concerne ce qu'on appelle "l'émission micro-onde anormale". C'est un phénomène que l'on connait depuis quelques années mais dont l'origine reste controversée... Bien qu'apparemment corrélée avec l'émission de petits grains de poussière de notre Galaxie, les modèles ne permettent pas de décrire l'évolution en fonction de la fréquence telle qu'observée. En revanche, un nouveau modèle impliquant des grain s en rotation rapide prédit des longueurs d'onde dépendant à la fois de la masse des grains de poussière et de leur vitesse de rotation, et ces prédictions théoriques collent de manière excellente avec les observations de Planck.

(à suivre…)

Source :
Nature Vol 482, 475–477 (23 February 2012)

Lire aussi : 
Les premiers Résultats de Planck (2/2) : Effet SZ et Amas Lointains

mercredi 22 février 2012

BREAKING NEWS : Neutrinos supraluminiques : une erreur de câble !!!

Ca y est, on a trouvé l'erreur !!! Les neutrinos ne sont pas supraluminiques !!!

D'après le site en ligne de la revue Science, il semblerait que les 60 ns d'avance observés soient dues à un mauvais contact de fibre optique entre un récepteur GPS et une carte électronique d'un ordinateur...

Après avoir resserré la connexion et mesuré la différence que ça donnait pour le temps de trajet du signal, les techniciens de OPERA auraient obtenu un écart de 60 ns, ce qui était mesuré pour les neutrinos... Comme ce temps de transfert de signal était soustrait de l'ensemble du temps de vol, ça peut expliquer très simplement l'aspect "supraluminique" des neutrinos, qui ne sont donc que des particules tout à fait normales...
Détecteur de OPERA au labo souterrain du Gran Sasso

Il paraît que cette hypothèse doit encore être confirmée...

source de la BREAKING NEWS :



mardi 14 février 2012

samedi 11 février 2012

Supra-luminique

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Du haut de ton immortalité,
Tu t’évanouis plus vite que l'éclair;
Fugace, tu plonges vers l'infinité
Des courbures planes et glaciaires.
 ~
Nos yeux ne suffiront pas
A te percevoir, et pourtant
Tu oses défier le maître Temps
De ta célérité d'apparat.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

vendredi 10 février 2012

Kepler-20, deux nouvelles exoTerres, so what ?

Nature en fait sa Une cette semaine. Les exoplanètes. Encore et toujours les exoplanètes… On a de cesse de s'émerveiller des découvertes faites chaque semaine, presque chaque jour, par des satellites comme ce Kepler très prolifique... Cette semaine on parle donc du système Kepler-20. Il a ceci de particulier qu'il contient cinq planètes, trois ayant la taille de Neptune, et notamment deux qui ont la taille de notre Terre à nous… La belle affaire !
On le sait maintenant, les exoplanètes sont en nombre quasi illimité, il y en a des milliards. Il va falloir intégrer cette donnée et peut-être cesser de s'extasier à chaque découverte, car ça risque d'être un petit peu lassant. Alors, oui, bien sûr, les techniques de détection s'affinant, on découvre des planètes de plus en plus petites… avant-hier des Jupiter géantes, hier encore des petites Jupiter et aujourd'hui des Terres.

Et demain ? Il est fort probable que la qualité des instruments et des méthodes utilisés (ainsi que des cerveaux qui les utilisent !) nous permettront dans peu de temps de descendre encore en dimension jusqu'à trouver des ceintures d'astéroïdes extrasolaires, puis des lunes extrasolaires, évidemment, puisqu'une planète est une planète. On ne peut pas imaginer que les 750 et quelques planètes extrasolaires qu'on a déjà cataloguées soient dépourvues de satellites, bien sûr… Et parmi ces dizaines de milliards de petits corps (et je reste modestement dans notre galaxie !), combien possèdent de l'eau liquide ? Des milliers ou des millions … Personne ne peut décemment ou modestement penser le contraire...
 
Le système Kepler-20 se trouve à 1000 années-lumière de nous, ce qui est assez éloigné. Si il nous prenait l'envie de communiquer avec d'éventuels habitants intelligents peuplant ces mondes, ce serait de toute façon chose vaine. Il se passerait en effet 2000 ans entre l'émission de la question et la réception de la réponse. Imaginez le niveau de la question qu'aurait posée Jules César et à laquelle nous aurions une réponse aujourd'hui. Sans intérêt aucun, outre le fait de savoir qu'ils savent communiquer.

La vraie extase à venir n'est même plus dans la découverte d'eau liquide ou dans la mise en évidence d'une vie aérobie ou anaérobie, non.., tout ça n'est qu'une affaire de mois ou d'années. La vraie question extatique est : qu'en fait-on ? Ou encore, « so what ? »

dimanche 5 février 2012

Symétrie Matière/Anti-Matière et masse négative, une clé pour l'élégance ?

Et si le retour à la symétrie matière-antimatière était une clé du puzzle incompris de l'Univers actuel ?

Quels sont ces problèmes ?
- L'Univers semble peuplé presque exclusivement de matière, alors que l'antimatière (particules de charges opposées) existe bel et bien; pourquoi cette asymétrie ? Est-elle naturelle ?
- Quelle est la nature de cette hypothétique Énergie Noire (qui devrait représenter 73% de l'Univers si son expansion est bien accélérée) ?
- Quelle est la nature du phénomène physique à l'origine de la phase d'inflation dans l'Univers jeune, concept introduit pour permettre de coller aux observations d'homogénéité du fond cosmologique ?
- Quelle est la nature de la Matière Noire non baryonique, représentant 23% du contenu de l'Univers et 85% de la matière ?

Ces quatre questions sont des éléments totalement incompris actuellement. 
Découverte de l'anti-électron (positron) en 1932.

Pour essayer de littéralement se débarasser de ces questions et retrouver une vision beaucoup plus élégante de l'Univers, les physiciens français Aurélien Benoit-Lévy et Gabriel Chardin, proposent de changer d'Univers!

Pour cela, ils font seulement deux hypothèses qui peuvent paraitre à la fois simples et élégantes : 

1) matière et antimatière sont symétriques : il en existe autant l'une que l'autre dans l'Univers
2) l'antimatière possède une masse gravitationnelle active négative : il y a répulsion entre matière et antimatière et aussi entre antimatière et antimatière, comme il y a attraction gravitationnelle entre matière et matière.

Le deuxième point est certainement le point le plus audacieux, mais il peut être fondé simplement par des concepts de symétrie. Et il faut savoir que c'est quelque chose qui n'a encore jamais été  testé expérimentalement (une expérience est actuellement en cours au CERN pour regarder ça, l'expérience AEGIS).

Quelles sont les conséquences de ces deux hypothèses ? Elles sont énormes car le modèle d'Univers s'en trouve complètement changé. 

Introduire autant de masse "positive" que de masse "négative" dans l'Univers au sens de la force de gravitation revient à créer (à grande échelle) un Univers vide de masse (les deux composantes s'annulent). Et ce type d'Univers à déjà été inventé il y a bien longtemps par un cosmologiste anglais du nom de Edward Arthur Milne en 1933, comme une alternative à vision de la Relativité Générale einsteinienne.

Il se trouve que cet univers de Milne (ou de Dirac-Milne comme l'appellent les auteurs) reste régit par une métrique de type Friedman-Lemaître-Robertson-Walker comme le modèle standard actuel, mais avec des paramètres différents.
Le fait essentiel de cette cosmologie est que le facteur d'échelle (que l'on note a(t)) est linéaire et cette linéarité reste identique tout au long de l'évolution de l'expansion. 

Car il s'agit toujours d'un univers en expansion, dont on peut calculer l'âge (le calcul donne 13.9 milliards au lieu de 13.8 milliard dans le modèle "standard"), mais cette expansion est constante : elle n'est ni accélérée, ni ralentie.
Pas d'expansion accélérée, vous avez bien lu. Ce qui implique tout de suite la non-nécessité de recourir à une hypothétique énergie noire.

Comment expliquer alors les observations de luminosité des supernovae Ia de 1998 qui ont conduit au concept d'expansion accélérée ? 
Et bien Benoit-Lévy et Chardin ont réanalysé les données des supernovae Ia avec leur modèle d'Univers et ils trouvent un accord pas trop mauvais, en tout cas bien plus proche du modèle "standard" avec ajout de constante cosmologique que de celui d'avant 1998 sans énergie noire (constante cosmologique)...

En d'autres termes, les observations des supernovae (moyennant quelques ajustements) pourraient très bien être compatibles avec un univers en expansion non accélérée de type Milne.

Une autre énorme implication de ce facteur d'échelle linéaire apparaissant dans l'univers de Dirac-Milne est qu'il n'y a plus de problème d'horizon : chaque point de l'espace a pu être en relation causale avec un autre point de l'espace dans les temps anciens, il n'y a donc plus aucun besoin de recourir à l'Inflation!. L'inflation, introduite au début des années 1980 permettait de résoudre de manière ad hoc l'apparente impossibilité que des directions opposées de l'espace aient pu être en contact causal dans le passé, ce qui est observé.

Et où serait cette antimatière ? Et bien tout simplement là où n'est pas la matière! Il faut se rappeler que lorsqu'une particule rencontre son antiparticule, ça se passe mal : elle s'annihile en produisant deux photons dont l'énergie est égale à la somme des masses (valeurs absolues ?) desdites particules.

Vous allez dire : il devrait donc exister des galaxies entières d'antimatière! Et bien non, puisque nous avons dit que l'antimatière repousse l'antimatière. Elle ne peut donc pas s'agglomérer comme le fait la matière : point de concentration d'anti-hydrogène, point d'anti-étoiles, point d'anti-galaxies, point d'anti-amas... Les anti-électrons, anti-protons, anti-neutrons sont voués à errer seuls dans les interstices matériels de l'Univers de Dirac-Milne, formant peut-être des halos diffus de (anti-)matière bien sombre...


Introducing the Dirac-Milne Universe
A. Benoît-Lévy, G. Chardin
Astronomy&Astrophysics Vol 537, 11 janvier 2012

version preprint en libre accès :
http://arxiv.org/pdf/1110.3054.pdf

 

samedi 4 février 2012

Nada Surf : the Stars are indifferent to Astronomy

Un peu de promo pour ce groupe américain attachant que j'apprécie tout particulièrement, et qui vient de sortir son 7ème album depuis 1996, il s'intitule The Stars are indifferent to Astronomy, un programme de choix pour allier deux passions...

Ils sont en tournée en France et en Belgique du 11 au 16 février.



vendredi 3 février 2012

Formalhaut b, l’exoplanète qui n’existe pas ?

Il ne se passe pas une semaine sans qu'une nouvelle exoplanète ne soit découverte. Leur nombre approche maintenant 730. Mais il se peut que la liste puisse aussi diminuer.
En 2008, alors que leur nombre était encore beaucoup plus faible, avait eu lieu une belle découverte d'exoplanète, la dénommée Fomalhaut b. Une belle découverte car c'était la première fois qu'on en trouvait une directement en imagerie directe, par sa lumière visible (et non par des effets gravitationnels ou de transit), grâce au télescope spatial Hubble.
Cette découverte de Paul Kalas et al., de l'Université de Berkeley (Californie) avait été publiés dans la revue Science à grands renforts de publicité.

Mais voilà, aujourd'hui, de nombreux astronomes doutent de la réalité de cette exoplanète, qui risque bien maintenant de disparaître de la liste…
Situé à 25 années-lumière, Fomalhaut b possède un disque de poussière en rotation, il avait été observé attentivement dans les longueurs d'ondes visibles et Kalas et al. avaient distingué un point lumineux dont ils avaient suivi le mouvement pour en déduire qu'il était gravitationnellement lié à l'étoile Fomalhaut dans une orbite planétaire.
Credit : Science
La publication de ces résultats dans Science avaient contribué à donner un coup de fouet considérable à la détection directe de planètes extrasolaires et fut un événement scientifique remarquable de l'année 2008.

Oui, mais très tôt, un astronome de l'Université de Princeton, Markus Janson, s'étonna de ces résultats. Selon lui, il aurait dû exister également une forte émission infra-rouge en même temps que de la lumière visible, car une telle planète si brillante devrait être relativement chaude.
Une autre source d'étonnement de Janson était que la luminosité de cette exoplanète avait diminué de moitié entre 2004 et 2006.
Comme tout bon scientifique, Janson décida de faire de nouvelles observations de ce système stellaire pour confirmer ses doutes ou bien conforter la première observation. Il demanda du temps d'observation sur le satellite infrarouge Spitzer et malheureusement (ou heureusement ?) il ne trouva aucun signal infrarouge correspondant à cette « exoplanète ».

Janson montra ses résultats négatifs au « découvreur » initial en septembre dernier lors d'une conférence aux Etats-Unis consacrée aux exoplanètes, mais Kalas n'en démordit pas. Selon Kalas, cette exoplanète n'émet pas dans l'infrarouge parce qu'elle n'est tout simplement pas assez grosse, d'une masse inférieure à Jupiter… Et le fait qu'elle soit tout de même visible serait dû au fait qu'elle possède un gros anneau de poussière à la manière de notre Saturne…
Mais Janson ne fut pas du tout convaincu par les explications spéculatives de Kalas. Selon lui, les observations infrarouges de Spitzer, plusieurs fois plus sensibles que les observations infrarouges qu'avaient fait Kalas et al. auraient dû montrer un signal. Janson explique que pour être visible comme ce qui a été observé, l'anneau en question devrait être de très grande dimension (plusieurs fois le diamètre de la planète) et de plus orienté avec la bonne inclinaison pour réfléchir vers nous la lumière de l'étoile, combinaison très improbable.

Janson et al. viennent de publier leurs résultats complets dans the Astrophysical Journal. Janson n'y conteste pas que Kalas a vu quelque chose dans le système Formalhaut, mais il estime que c'est plus complexe qu'une planète. Il propose notamment que ce soit par exemple un  nuage de poussière résultant d'une collision récente d'astéroïdes. Le nuage se dispersant, il s'affaiblirait ce qui expliquerait la réduction de moitié de sa luminosité entre 2004 et 2006.

Kalas rejette quant à lui cette explication, arguant du fait que dans ce cas, il s'agirait d'une observation fortuite d'un événement rare et de courte durée, peu compatible avec ses observations.
Kalas estime que Janson et al. ont tort de rejeter la possibilité d'un grand anneau autour de la planète. Il prend en exemple la découverte récente d'un très grand anneau autour de Saturne, Phoebe, qui est de fait environ 5 fois plus grand que celui proposé autour de Formalhaut b… Et d'appuyer encore sur sa découverte en mentionnant que ça serait le premier anneau planétaire extrasolaire découvert, du coup…

Mais Janson et ses collègues ne sont pas les seuls à mettre en doute les interprétations de Kalas. Alice Quillen, une astronome à l'Université de Rochester à New York l'Etat qui avait prédit en 2005 qu'une planète devait se cacher dans le disque circumstellaire de Fomalhaut, soupçonne elle aussi fortement que ce que Kalas et ses collègues ont observé n'est pas une planète. «À mon avis, c'est une mauvaise interprétation de variations de signal dans des données bruitées, dit-elle. La planète réelle est encore à découvrir dans le système de Fomalhaut. »

Peut-être qu'une troisième campagne d'observation permettra de trancher définitivement le cas Formalhaut, même si cette controverse ne remet pas en cause la méthode de détection directe d'exoplanètes par imagerie, dont plusieurs ont pu être reconnues et validées depuis 2008.


Source :
Science  Vol. 335 no. 6068  (3 February 2012)



jeudi 2 février 2012

Les astroparticules et leurs manips (1)

Les physiciens des astroparticules sont des poètes. Si, si, c'est vrai. Pour s'en convaincre, il nous suffit de regarder comment se nomme leurs expériences, parce que toutes les expériences portent un petit nom, souvent un acronyme, mais cet acronyme révèle le plus souvent un petit nom subtil ...

Faisons donc un petit état des lieux des expériences de physique des astroparticules en commençant par celles, nombreuses, consacrées à la recherche de matière noire (les WIMPs), expériences qui sont en cours, voire qui ont déjà pris fin, ou au contraire en projet...

Les méthodes de détection peuvent être très variées, méthodes directes ou indirectes...
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EDELWEISS : je commence par cette fleur à laquelle j'ai eu la chance d'arracher quelques pétales il y a plus de 10 ans... le plus bel acronyme à mon sens (Expérience pour DEtecter Les WIMPS En SIte Souterrain) qui incorpore un autre acronyme, comme une mise en abyme insondable...

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe.
Détecteur : germanium cryogénique
Mode de détection : double composante ionisation + chaleur.
Localisation : Laboratoire souterrain de Modane (frontière France- Italie)
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CDMS : pendant technologique américain de EDELWEISS, mais sans la poésie.

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe.
Détecteur : germanium cryogénique
Mode de détection : double composante ionisation + chaleur.
Localisation : Laboratoire souterrain de Soudan (USA)
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ICECUBE : fait penser à un gros glaçon, on se demande bien pourquoi ?

Recherche : Recherche de neutrinos, soit cosmologiques, soit produits par des WIMPs
Détecteur : glace + photomultiplicateurs
Mode de détection : lumière Cerenkov
Localisation : Antarctique
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DEEPCORE : on imagine bien que cette manip est profondément enfouie...

Recherche : Recherche de neutrinos, soit cosmologiques, soit produits par des WIMPs
Détecteur : glace + photomultiplicateurs
Mode de détection : lumière Cerenkov
Localisation : Antarctique
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AMANDA : un prénom de femme.., curieusement il n'existe pas de manip "Jean-Pierre" !...

Recherche : Recherche de neutrinos, soit cosmologiques, soit produits par des WIMPs, ancêtre de ICECUBE, expérience terminée

Détecteur : glace + photomultiplicateurs
Mode de détection : lumière Cerenkov
Localisation : Antarctique

Détecteur de l'expérience COUPP
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ANTARES : ah, oui, c'est un mec, ça, même un dieu (de la guerre), c'est aussi la superbe étoile rouge que l'on aime tant admirer en été, de là à dire que cette manip vise le ciel...

Recherche : Recherche de neutrinos produits par annihilation de WIMPs dans le Soleil 
Détecteur : eau + photomultiplicateurs
Mode de détection : lumière Cerenkov
Localisation : Méditerranée, France

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DMTPC : un manque d'originalité criant pour ce pur acronyme pas poétique pour un sou, ah, les états-uniens...



Recherche : Recherche de WIMPs et de leur directionalité par détection directe
Détecteur : chambre à projection temporelle CF4+ CCD
Mode de détection : scintillation + ionisation
Localisation : USA

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NEWAGE : les Japonais sont visiblement mieux inspirés, le nouvel âge de la physique s'ouvre...


Recherche : Recherche de WIMPs et de leur directionalité par détection directe
Détecteur : chambre à projection temporelle CF4+ CCD
Mode de détection : scintillation + ionisation
Localisation : Laboratoire souterrain de Kamioka, Japon
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MIMAC : ceci est un acronyme en anglais pour une expérience franco française, cherchez l'erreur...

Recherche : Recherche de WIMPs et de leur directionalité par détection directe
Détecteur : matrice de microchambres à projection temporelle CF4
Mode de détection : ionisation
Localisation : France
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MAJORANA : Voilà ce qu'on peut faire quand on oublie les acronymes : un nom d'illustre physicien, en relation avec ce qu'on cherche bien sûr... Grand physicien italien disparu dans des circonstances étranges, Ettore Majorana...

Recherche : Recherche de désintégration double béta sans neutrino et de WIMPs légers par détection directe
Détecteur : semiconducteur Germanium et Germanium enrichi
Mode de détection : ionisation
Localisation : USA

détecteur Germanium de EDELWEISS

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COGENT : un rapport avec le Cogito latin ? Ou bien simplement le Ge signifie Germanium... Ils ont annoncé en 2011 avoir observé un signal avec modulation annuelle...

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : semi-conducteur Germanium de haute pureté à très bas seuil
Mode de détection : ionisation
Localisation : Laboratoire souterrain de Soudan (USA)
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DAMA/LIBRA : les premiers à avoir clamé - très librement - la détection de WIMPs avec modulation annuelle... il y a plus de 10 ans maintenant. Mais personne les croit...

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : scintillateur NaI(Tl) de gros volume
Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Gran Sasso(Italie)
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COUPP : cette manip là, vous risquez d'en entendre parler très bientôt... et je suis sûr qu'ils ont déjà du champagne au frais... normal pour une manip qui compte des bulles!
C'est une rare expérience qui peut s'affranchir totalement du bruit de fond gamma (et électron) et qui peut discriminer l'interaction d'un alpha de celle d'un neutron, magique!

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe 
Détecteur : chambre à bulles ! 
Mode de détection : traces bulles 
Localisation : Laboratoire souterrain (USA)
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PICASSO : voilà un nom original, on dirait une voiture... Au moins il y a un effort artistique, en revanche, ils utilisent strictement la même méthode que leurs petits copains (et voisins) de COUPP.

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe 
Détecteur : chambre à bulles 
Mode de détection : traces bulles 
Localisation : Laboratoire souterrain de Sudbury (SNOLAB, Canada)

Détecteurs de CRESST
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CDEX-TEXONO : les chinois s'intéressent aussi de très près à la recherche de matière noire, et ils y mettent les moyens avec un tout nouveau laboratoire souterrain, le plus profond à ce jour (2400 m de roche)



Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : Germanium et germanium enrichi à très bas seuil
Mode de détection : ionisation
Localisation : Laboratoire souterrain de Jinping (Chine)

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XMASS : les Japonais voient grand, et doivent apprécier les cadeaux de Noël, avec cette manip triple

Recherche : Recherche de WIMPs par détection direct, de neutrinos solaires et de neutrinos "double béta"
Détecteur : chambre à  Xénon liquide
Mode de détection : scintillation+PMT
Localisation : Laboratoire souterrain de Kamioka (Japon)
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EURECA : Mais trouveront-ils enfin ce neutralino si fuyant ? Cette manip est une sorte de fusion entre EDELWEISS et CRESST, le must de la recherche européenne dans le domaine... En cours de conception.


Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur :germanium et scintillateurs cryogéniques
Mode de détection : chaleur+ionisation+scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Gran Sasso? (Italie)
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SIMPLE : on ne plus simple pour cette manip portugaise, qui consiste à écouter éclater des bulles dans un liquide en surfusion...



Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : chambre à bulles

Mode de détection : acoustique
Localisation : Laboratoire souterrain à bas bruit (France)
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KIMS : un nom typiquement coréen pour cette manip coréenne, logique.
 
Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : scintillateur CsI(Tl)

Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Yangyang (Corée du Sud) 
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ANAIS : un prénom féminin pour explorer les résultats de DAMA/LIBRA avec les mêmes techniques et méthodes. Manip espagnole.


Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : scintillateur NaI(Tl) ultrapur

Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Canfranc (Espagne) 

Expérience XENON 100
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DM-ICE : comme son nom l'indique, ça se passe dans la glace, cette recherche de WIMPs, sur les traces du signal de DAMA avec la même méthode, mais dans l'hémisphère Sud. En projet actuellement.

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : scintillateur NaI
Mode de détection : scintillation
Localisation : Antarctique


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XENON : Si on ne comprend pas de quel matériau est fait le détecteur, je sais pas...



Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : chambre à projection temporelle à xénon liquide
Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Gran Sasso (Italie)
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ZEPLIN : Non, non, cette manip n'est pas allemande (voir la suivante), mais bien à majorité britannique.



Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : chambre à projection temporelle à xénon liquide
Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Boulby Mine (UK)
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CRESST : Nos amis d'outre-rhin sont un peu moins poètes que leurs homologues français... A moins que la Cresst soit une fleur bavaroise ? Ils ont en tous cas annoncé la détection de candidats WIMPs.


Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : scintillateurs cryogéniques
Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Gran Sasso (Italie)
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DEAP-3600 : certes ça se passe dans le profond comme beaucoup d'autres manips, mais pas à 3600 m, non, c'est juste 3600 kg, la masse des détecteurs... En cours de construction.

Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : argon liquide
Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Subury (SNOLAB, Canada)
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LUX : Ces américains verront-ils la lumière avec cette nouvelle expérience ?


Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : chambre à projection temporelle à xénon liquide
Mode de détection : scintillation
Localisation : Laboratoire souterrain de Homestake (USA)
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MINI-CLEAN : une autre expérience états-unienne sans grande poésie sur son nom.



Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : chambre à argon liquide
Mode de détection : scintillation
Localisation :  (USA)
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DARWIN : une évolution des techniques de chambres à projection temporelles à xénon et argon liquide, en projet (européen).



Recherche : Recherche de WIMPs par détection directe
Détecteur : chambre à argon et xénon liquide
Mode de détection : scintillation
Localisation :  (Europe)
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